Nos bureaux ont migré à Bastille ! Nous avons cherché pendant plusieurs mois un atelier sur cour pour nous installer plus confortablement au plus près de nos chantiers dans le 11ème arrondissement. Comme un pied de nez à nos ambitions, nous avons terminé notre course dans un charmant appartement typiquement parisien au quatrième étage d’un immeuble légèrement fatigué à deux pas de notre cantine « le Café de l’Industrie » , plus près du ciel que du sol.
Peut-être notre inconscient fait-il bien les choses ? Mais au final, je crois que nous sommes plus heureuses de travailler dans notre nid perché, moins exposées aux passants et plus en retrait, à l’ombre du génie de la Liberté perché sur sa colonne qui souffle son vent de créativité sur le quartier. Nos bureaux ressemblent ainsi aux lieux de vie informels, personnels et intimistes que nous aimons imaginer pour nos clients et amis de façon confidentielle. Et vouloir nous rencontrer se mérite.
Comme à notre habitude, nous avons restructuré l’espace afin de l’adapter à nos besoins sans le bousculer. 3 mois de travaux plus tard, l’appartement a conservé ses moulures, ses parquets et ses cheminées mais il a gagné en luminosité, en perspective et en fonctionnalité.
L’entrée dans un rouge de la tête aux pieds met en valeur les patères/sculptures noires en bois de Franck Evennou et la suspension de Mategot. La lumière du jour s’infiltre par la verrière et laisse le regard se faufiler dans la pièce suivante.
La cuisine s’habille d’un vert très tendre qui s’harmonise avec le marbre veiné de gris du plan de travail, de la crédence et du sol. Elle s’ouvre sur la pièce principale et n’a rien à cacher, assumant pleinement sa fonction au coeur de l’appartement. La vaisselle s’amuse à faire des compositions sur les murs, comme autant de tableaux vivants. Le bar permet de délimiter l’espace et offre la possibilité de recevoir clients, fournisseurs et amis autour d’un verre ou d’un repas improvisé sans gêner le travail en cours et sans perte de place.
La pièce principale est plus neutre avec ses murs blancs, son soubassement et son plafond gris. Elle met à notre disposition sa grande table de cantine militaire. Nous profitons de son plateau pour y étaler documents et échantillons ou recevoir nos clients. Sur le mur, une photo de Marie Pierre Morel comme une fenêtre intérieure sur une rêverie.
La grande verrière installée entre la pièce de réception et la salle des ordinateurs crée de la profondeur et donne une respiration supplémentaire : ordinateurs, bibliothèque avec articles de presse, livres et documentation s’offrent à la vue. Les murs servent de support pour des dessins ou des « mood boards » et mutent au gré des humeurs et des envies.
La dernière pièce se laisse deviner par une porte entre-ouverte. Elle se drape d’une couleur bleu intense pour servir d’écrin au bureau Napoléon III qui me suit de déménagement en déménagement. une banquette pour me reposer lorsque les journées sont trop longues, les tableaux de mes amis aux murs et la cheminée toujours prête à offrir une flambée en font une pièce plus intimiste.
Une petite salle de bain qui se cache dans le fond de l’appartement donne la sensation d’un luxe discret et intemporel avec son tapis de mosaïque de marbre, sa baignoire rétro, et son carrelage métro souligné d’une frise noire.
J’aime à penser que ce lieu nous apporte confort et réconfort, qu’il nourrit notre travail et notre réflexion, qu’il traduit un certain art de vivre et de travailler qui se rapproche de ce que le poète argentin Jorge Luis Borges appelle « une complexité modeste et secrète ».