chez Jason et Malik — 110m2

Paris 3e, 2024

Presse
Elle Deco, avril 2024

Le nouveau propriétaire des lieux et son compagnon avaient clairement exprimé leurs préférences pour un style plein de poésie et d’extravagance et une touche de nostalgie avec des références au passé. J’entends résonner ses paroles :  » Citez-moi Madeleine Castaing, Georges Geoffroy, Victor Grandpierre et mes yeux brillent , mais l’évocation de Prouvé, Giacometti et Le Corbusier m’ennuient profondément. Trop austère !  » Si la frivolité est indispensable au moral, c’est une affaire sérieuse, d’autant plus qu’elle mobilise divers ouvriers et artisans au service du beau dans une entreprise collective.  Je n’ai pu que me laisser porter par cette vision si sensible et romantique. S’accorder le droit d’aborder la frivolité non pas comme un mot superficiel et léger mais au contraire le revendiquer comme une nécessité pour combattre une période sombre et chaotique, a été probablement le moteur de cette aventure. Le ton était donné pour un appartement qui se devait d’être ludique, chaleureux, doux, osé, coloré, sophistiqué et raffiné, un brin rétro et nostalgique pour y vivre retirés du monde comme dans une maison de famille hors du temps, protectrice, loin des critères de la mode et des tendances du présent. Comme un vêtement cousu sur mesure pour une personnalité aux caractéristiques particulières, certains choix ont été dictés par les origines asiatiques du propriétaire : dessin de la verrière, assiettes bleu de Delft, mise en valeur de la collection d’œuvres d’art, des meubles et objets d’origine coréenne d’une qualité exceptionnelle. Les papiers peints dans les chambres à coucher réactivent nos souvenirs d’enfance. Cet appartement traduit les aspirations que nous avions à inventer un monde imaginaire et poétique  en privilégiant la fantaisie, la délicatesse, et la légèreté.

Photos © Grégory Timsit